VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME Archives - Human right violations Sitti Somali https://sittisomali.com/category/violations-des-droits-de-lhomme/ Raising Awareness for Human right violations in Sitti Somali Community Sat, 27 Jan 2024 21:13:00 +0000 en-US hourly 1 https://sittisomali.com/wp-content/uploads/2023/11/icon-150x150.png VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME Archives - Human right violations Sitti Somali https://sittisomali.com/category/violations-des-droits-de-lhomme/ 32 32 Le conflit frontalier entre les Etats régionaux Afar et Somali d’Ethiopie https://sittisomali.com/le-conflit-frontalier-entre-les-etats-regionaux-afar-et-somali-dethiopie/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=le-conflit-frontalier-entre-les-etats-regionaux-afar-et-somali-dethiopie Fri, 16 Sep 2022 14:45:44 +0000 https://sittisomali.com/?p=4569 Démêler le vrai du faux. 1/ Existe-t-il une frontière reconnue et délimitée entre l’Etat régional Afar et l’Etat régional Somali ? NON Le TPLF qui avait pris le pouvoir à Addis-Abeba en 1991 a élaboré une carte provisoire qu’il a ensuite transmise à différents organismes de l’Etat éthiopien à partir de 1995 notamment au département […]

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Démêler le vrai du faux.

1/ Existe-t-il une frontière reconnue et délimitée entre l’Etat régional Afar et l’Etat régional Somali ?

NON

Le TPLF qui avait pris le pouvoir à Addis-Abeba en 1991 a élaboré une carte provisoire qu’il a ensuite transmise à différents organismes de l’Etat éthiopien à partir de 1995 notamment au département des statistiques. Cependant durant la conférence nationale de 1992 organisée entre le TPLF et les autres fronts comme OLF, ONLF et les représentants des autres communautés (Plus de 80 peuples et nationalités en Ethiopie), il a été décidé que cette carte est bien une ébauche et que les futures frontières seraient fixées par un accord amiable entre Etats régionaux concernés au cas par cas.

Les conflits éventuels seraient transmis au ministère des affaires fédérales et à la chambre haute du parlement éthiopien « House of the Federation ». (Markakis, Vaughan).

Le principe général adopté à l’issue de la conférence de réconciliation de 1992 ayant été le fédéralisme ethnique ou fédéralisme multiculturel, la nouvelle constitution de décembre 1994 a reconnu à chaque peuple le droit inaliénable d’être consulté, par vote, sur son adhésion à tel ou tel Etat régional.
Suite à de fréquents accrochages entre éleveurs Afars et Somali-Issas entre le fleuve Awash et la route goudronnée A1-Djibouti-Addis Abeba, le ministère des affaires fédérales avait demandé aux deux régions en 2004 de soumettre chacune un rapport et des propositions concrètes de résolution du conflit. Les 2 régions avaient bien soumis leurs rapports durant l’année 2004 mais ceux-ci sont restés à ce jour sans réponse officielle.

L’existence de ces rapports est le témoignage concret qu’aucune frontière n’existait entre les 2 régions jusqu’en 2004.

Certains administrateurs de la Zone de Sitti, au sein de l’Etat régional Somali, n’ont eu connaissance de l’existence de la carte des régions éthiopiennes datant de 1992 qu’en 2020…Celle-ci leur ayant été présentée pour la 1ère fois par l’office éthiopien des statistiques au cours d’une réunion officielle…

2/ La carte provisoire des Etats régionaux éthiopiens ci-dessous est-elle officielle ?

NON

Outre son caractère provisoire relatée plus haut elle comporte également de graves erreurs administratives et topographiques.
A ce jour, certaines régions sur la carte comme les « Kebeles » de Banbaas, Salaxaad ou Hudat – tous au sein de l’Etat régional Somali et administrés dûment par cet Etat régional- se trouveraient, selon la carte provisoire des régions éthiopiennes, en territoire de l’Etat régional Oromo….Les mêmes erreurs sont signalées au Benishangul-Gumuz, Amhara ainsi que dans d’autres Etats régionaux.

3/ L’accord de 2014 entre l’Etat régional Afar et l’Etat régional Somali a-t-il une quelconque valeur juridique ?

NON

Cet accord viole les articles 46 et 48 de la constitution éthiopienne de décembre 1994. Il est contraire au nouveau principe fondateur de l’Ethiopie multiculturelle post-1991 où chaque nation, peuple et nationalité est libre de choisir son appartenance ethnique à telle ou telle région au travers d’un vote libre et impartial.

En droit, on parle de hiérarchie des normes. Les normes inférieures (arrêtés, décrets ou accords entre Etats régionaux) doivent respecter la constitution, texte placé au sommet de la pyramide juridique de l’Etat fédéral (Hans Kelsen).
L’accord de 2014 a été dénoncé par l’Etat régional Somali en 2019 et n’est donc plus en vigueur. Il est caduc.
Un éventuel règlement du litige frontalier entre les 2 Etats régionaux. doit passer par des négociations par l’intermédiaire du ministère des affaires fédérales et de la chambre haute dite « House of the Federation ».

4/ Quels sont les revendications des Afars ?

a- Une revendication sur le plan historique

Les Afars s’appuient sur une littérature historique « grise » (masters, thèses, etc.) élaborée sciemment depuis les années 70 par les universités Amharas faisant accroire que les Afars auraient été chassés de la province de Erer par les Somali- Issas dans les années 1950/1970.

Les Afars s’appuient aussi sur la vidéo d’une conférence donnée dans les années 2000 dans un cercle privé par Bouh LAHDIL, un ancien parlementaire Somali￾Issa, fils d’un héros de la région de Sitti. Cette vidéo, enregistrée et diffusée illégalement, brosse une courte histoire de la région de Sitti mais comporte des erreurs de dates importantes. Elle a été traduite délibérément par les Afars en plusieurs langues en la présentant comme une histoire officielle de la région.

Et pourtant :

Au moins en 1838, la présence des Somali-Issas sur la partie sud de l’AWSA (Haoussa) – la zone où se trouve actuellement Semara, la capitale de l’Etat régional Afar – est relatée par le cheik GILANI dans sa « Chronique de l’Awsa 1763-1873», une information rapportée par Didier Morin – un linguiste thuriféraire des Afars – dans son « Dictionnaire historique Afar ».

En 1857, Henry LAMBERT, premier agent consulaire français envoyé dans la région publie, après plusieurs voyages, une carte de la République de Djibouti indiquant la présence des Somali-Issas sur la partie nord du golfe de Tadjourah, bien au-delà du Goubet-El-Kharab.

Enfin en 1880, le plus important document de géographie universelle du XIXème siècle (20 volumes), publié par Elisée RECLUS, rapporte que les deux communautés vivaient en parfaite harmonie, et que les Somali-Issas avaient l’habitude de traverser régulièrement le fleuve Awash « …pour entrer dans les plaines des Danakils ».

Pour régler le litige frontalier entre l’Etat régional Afar et l’Etat régional Somali,il faut partir des réalités et du peuplement de la zone territoriale litigeuse en 1991 comme le stipule la constitution de 1994. Nul besoin de faire appel à un passé lointain dont la certitude des zones de peuplement fera toujours l’objet de controverses.

b- Revendication des Afars sur la base de l’accord de 2014

Cet accord est entaché de plusieurs vices de fond substantiels. D’abord il viole ouvertement les articles 46 et 48 de la constitution éthiopienne, la population concernée n’ayant pas été consultée, comme nous l’avons signalé plus haut.

Ensuite ce peudo-accord signé par seulement quelques membres de l’exécutif (Abdi Mahamoud Omer « Iley », Abdihakim Igal, etc.) du gouvernement de la région Somali n’a jamais été présenté devant le parlement de cette région. Une condition de validité volontairement ignorée – le parlement régional était violemment contre – qui vide ce document de toute légalité et par conséquent de toute légitimité. Par ailleurs, des observateurs de la scène politique en région Somalie d’Ethiopie rapportent que les délégués de cette région auraient signé l’accord provisoire de 2014 sous la double contrainte de Meles Zenawi et de Ismail Omar Guelleh, une contrainte accompagnée d’une forte corruption. Il s’agit donc d’un accord vicié dès le départ par l’usage de la force et de la corruption. Des vices de fond qui ôtent toute validité à ce pseudo-accord.

Enfin l’Etat régional Afar n’a pas respecté les éléments essentiels de cet accord provisoire : Les principales clauses de l’accord portaient sur le fonctionnement des services publics en langue Somali (Education, santé, accès à l’eau, services à la population, etc.) autant de points que la région Afar n’a pas voulu mettre en œuvre. Que du contraire ; une répression aveugle s’est abattue sur les populations Somali-Issas à Adayti, Undhufo et Garba-Isse : Tueries, disparitions, tortures et traitements inhumains et dégradants se succédèrent de 2014 à 2019, année où l’Etat régional Somali a fini par dire que la coupe est pleine et où il décida de dénoncer purement et simplement l’accord provisoire de 2014.

5) Quels sont les revendications des Somali-Issas ?

L’application pure et simple de la constitution éthiopienne de décembre 1994 et l’organisation d’un référendum en faveur de la population locale.

En 2004/2005 des violences intercommunautaires avaient éclatées le long de la longue frontière des Etats régionaux Oromo et Somali. Des référendums ont été organisés par le TPLF à Moyale, Meisso et Jinacsani. A l’issue de ces referendums et conformément à la constitution éthiopienne, l’Etat régional Somali a perdu plusieurs dizaines de « Kebeles » mais s’est conformé sagement aux résultats sortis des urnes.
Pourquoi l’Etat profond éthiopien ne voulait-il pas organiser des référendums à Adayti, Undhufo et Garba-Isse en 2020-2021 ?

Au contraire la force brute a été utilisée en 2021-2022 par l’armée éthiopienne, la police de l’Etat régional Afar et les milices sanguinaires Ugugumo afin de commettre un nettoyage ethnique ponctué de massacres. Une méthode de règlement des conflits contraire à toutes les conventions internationales et dénoncée récemment par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken en 2021 en pleine guerre entre l’armée éthiopienne et les forces TDF du Tigré.

6) Que veut l’Etat profond éthiopien ?

Eloigner les Somali-Issas de la route commerciale Djibouti/Addis-Abeba.

C’est la seule route commerciale d’Ethiopie située sur une zone frontalière entre deux ethnies. Tous les autres axes commerciaux du commerce extérieur éthiopien transitent par des routes qui traversent l’Etat régional Somali (Tag Waajale, chemin de fer Djibouto-Ethiopien, route asphaltée via Dire-Dawa, route asphaltée via Moyale). Pour l’Etat profond éthiopien c’est l’occasion inespérée d’amplifier les transactions commerciales internationales via un corridor sans Somalis.

Il s’agit d’une politique constante visant à chasser les Somalis de leurs terres mise en place par Hailé Sélassié (1933-1974), continuée par le DERG (1974-1991), par Meles Zenawi du TPLF (1991-2018) et depuis 2018 par Abiy Ahmed de Prosperity Party.

Depuis la guerre de 1977 et la victoire éclatante « blitzkrieg » des Somalis, arrivés en moins de 3 semaines aux portes d’Addis-Abeba, cette communauté fait l’objet de multiples discriminations en Ethiopie. Il faut donc replacer le nettoyage ethnique en cours à Sitti dans cette hostilité plus large à l’égard des Somalis d’Ethiopie.

En plus de cette politique anti-Somali officielle, l’Etat profond éthiopien ne veut ni Afar, ni Somali à environ 20 kilomètres autour de la route commerciale Djibouti-Addis Abeba.

Rien ne sert donc aux Afars de faire la fête sur les réseaux sociaux après le départ forcé – Kalachnikov de l’armée éthiopienne sur la tempe – des Somali-Issas d’Adayti, Garba-Isse et Undhufo respectivement en avril 2021, juillet 2021 et août 2022 (un départ provisoire). Les Afars aussi seront vite chassés des lieux.

7) Pourquoi l’Etat profond éthiopien et le premier ministre Abiy Ahmed prennent-ils position en faveur de l’Etat régional Afar?

A partir du 3 novembre 2020 une guerre ouverte et destructrice a éclaté entre le gouvernement éthiopien du premier ministre Abiy Ahmed et l’Etat régional Tigré, une guerre civile interne qui a fait de milliers de morts et, à ce jour, toujours en cours (Septembre 2022).

C’est la position géographique de l’Etat régional Afar limitrophe de l’Etat régional Tigré qui a été déterminante, à notre sens, dans la prise de position claire et nette d’Abiy Ahmed en faveur des Afars dans le conflit frontalier avec leur voisins Somalis.

En effet, l’Etat régional Afar sert de base arrière (avec l’Etat régional Amhara), de zone de regroupement des forces armées nationales, de lancement d’offensives et d’attaques à l’armée fédérale éthiopienne durant le conflit armé mené contre l’Etat régional du Tigré.

En conséquence, depuis novembre 2020, l’Etat régional Afar bénéficie de l’appui militaire sans limites de l’armée fédérale éthiopienne afin de mener une politique d’agression et d’expansion en territoire Somali en échange du soutien fourni à l’armée fédérale éthiopienne. Les opérations de nettoyage ethnique et les massacres de masse commis à Adayti, Undhufo et Garba-Isse en 2021 et 2022 ont ainsi toutes été supervisées par l’armée éthiopienne.

8) Quels sont les forces en présence le long de la route commerciale A1 Djibouti/Addis-Abeba ?

D’un côté l’armée fédérale éthiopienne (ENDF), la police bien armée de l’Etat régional Afar appuyés par d’anciens rebelles Afars qualifiés avant 2018 de « terroristes » tant par l’Ethiopie que par l’Erythrée (Red Sea, Arduf, Ugugumo) et regroupés aujourd’hui sous le sigle « Ugugumo » et aux méthodes barbares. Des forces qui utilisent des moyens militaires lourds mis à disposition par l’armée éthiopienne ; des chars, des « Technical » surmontées de mitraillettes lourdes, des mortiers, des canons, etc.

Face à cette puissante coalition militaire étatique ou infra-étatiques nous avons des civils Somali-Issas très peu organisés vivant près des agglomérations de Adayti, Undhufo et Garba-Isse ainsi que des éleveurs disposant de vieux fusils datant de l’époque des Italiens. Les rares unités de la police de l’Etat régional Somali ont ordre de ne pas intervenir. Ces unités de la police Somali, dont la haute hiérarchie est complice du nettoyage ethnique de leurs frères, sont parfois décimées lors des affrontements par méconnaissance du terrain.

9) Exite-t-il une preuve récente de l’appartenance des « Kebeles » de Adayti, Undhufo et Garba-Isse et des localités environnantes à l’Etat régional Somali ?

OUI

Preuve que ces zones de peuplement contestées par l’Etat régional Afar appartiennent depuis des décennies à l’Etat régional Somali, le NEBE (Organisme national chargé des élections en Ethiopie) a publié en mars 2021, conformément aux 5 précédentes élections législatives, la liste des localités et des bureaux de votes de tous les Etats régionaux éthiopiens en vue des élections législatives de juin 2021.

Garba-Isse, Undhufo, Adayti, Danlahelay, Afasse et une dizaine d’autres localités autour de ces villes ont été, comme d’habitude, placées dans la liste des bureaux de vote administrés par l’Etat régional Somali.

Immédiatement, l’Etat régional Afar et ses relais Amharas ont lancé une intense campagne médiatique afin de dénoncer l’attribution de ces bureaux de vote à l’Etat régional Somali accusant injustement le NEBE de parti pris. Cet organisme n’a pourtant fait que suivre les pratiques électorales antérieures remontant à 1992.

Sous la pression médiatique et politique et le contexte de la guerre civile interne avec le Tigré qui favorise l’alliance ENDF, Afar & Amhara, le NEBE a fait marche arrière et suspendu l’organisation des élections dans les zones de peuplement Somali faisant l’objet d’une contestation de la part de l’Etat régional Afar.

Ceci a naturellement provoqué une réaction courroucée et légitime du président de l’Etat régional Somali, Mustafa Mouhumed Omar « Cagjar », qui a échangé une correspondance acrimonieuse avec la présidente du NEBE (Une Amhara) en mars 2021, menaçant même de boycotter ces élections législatives.

10) Quel est le rôle de Djibouti dans ce conflit interne éthiopien ?

De 1991 à 2012, le régime dictatorial d’Ismail Omar Guelleh, très proche du défunt premier ministre d’Ethiopie Meles Zenawi, a tout fait pour infiltrer, affaiblir et contrôler la communauté Somali-Issa établie dans la province de Sitti d’Ethiopie afin d’assurer la pérennité de son propre régime. Il perçoit les Somali-Issa d’Ethiopie comme une menace potentielle susceptible d’apporter un soutien à une opposition djiboutienne qu’il s’est employé à affaiblir durablement.

Contrairement aux affirmations des Afars répétées en boucle dans les réseaux sociaux, Ismail Omar Guelleh est plus préoccupé par la survie de son propre régime affairiste et laisse, quand il n’encourage pas, les Afars Djiboutiens de haut rang de son régime autocratique financer ouvertement les miliciens Afars barbares Ugugumo, chargés conjointement par l’armée éthiopienne et la région Afar d’Ethiopie de pourchasser les éleveurs Somali-Issas à la frontière des deux régions éthiopiennes.

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Éthiopie : Forte croissance économique sur fond de violations massives des droits de l’homme https://sittisomali.com/ethiopie-forte-croissance-economique-sur-fond-de-violations-massives-des-droits-de-lhomme/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=ethiopie-forte-croissance-economique-sur-fond-de-violations-massives-des-droits-de-lhomme Wed, 04 Feb 2015 22:00:00 +0000 https://sittisomali.com/?p=169 L’économie de l’Ethiopie connaît depuis 2002 une forte croissance économique de l’ordre de 8 à 10% par an selon les sources. Le capitalisme d’Etat éthiopien longtemps dirigiste s’est ouvert timidement à l’économie de marché au début des années 2000. L’autoritaire premier ministre Meles Zenawi qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1991 […]

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L’économie de l’Ethiopie connaît depuis 2002 une forte croissance économique de l’ordre de 8 à 10% par an selon les sources. Le capitalisme d’Etat éthiopien longtemps dirigiste s’est ouvert timidement à l’économie de marché au début des années 2000. L’autoritaire premier ministre Meles Zenawi qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1991 à 2012 mis en place pour la période 2010-2015 un Plan de croissance et de transformation « Growth & Transformation Plan (GTP) » axé principalement sur des investissements massifs dans l’énergie, les infrastructures et le développement d’une agro-industrie destinée à l’exportation.

Sur le plan hydroélectrique deux grands barrages sont sur le point d’être finalisés : le « Grand Ethiopian Renaissance Dam » d’une capacité de 5300 MW sur le Nil bleu et le GIBE III (1870 MW) sur le fleuve OMO, le but étant de quadrupler la capacité du pays de 2000 à 10000 MW d’ici 2016.

Le plan de croissance et de transformation a également entraîné le développement, certes modeste, mais inédit du secteur privé. L’homme d’affaires saoudien d’origine éthiopienne Mohammed El Amoudi, très bien introduit auprès du régime, a été le premier à injecter entre 2 et 3 milliards de dollars dans des secteurs de l’économie aussi divers que l’agro-industrie, l’extraction de l’or, le textile ou l’hôtellerie. Le Sheraton d’Addis-Abeba, un des plus luxueux palaces au monde, en est l’un de ses fleurons.

Le faible coût de la main d’œuvre attire de plus en plus d’investisseurs étrangers tant occidentaux que chinois. Le numéro 2 mondial du prêt-à-porter H&M s’est implanté en Ethiopie depuis 2011 et travaille avec plusieurs unités de production locales alors que le fabricant de chaussures chinois Huaijan y a ouvert plusieurs usines.

A travers le GTP, le gouvernement planifie la réduction des petites exploitations agricoles familiales et favorise au contraire l’implantation de grandes fermes agricoles étrangères s’étendant sur plusieurs milliers d’hectares et tournées vers l’exportation.

Malheureusement cette politique plus connue sous son appellation anglaise « Land-grabbing » ou accaparement de terres est menée au pas de charge sans la moindre consultation des fermiers locaux souvent chassés de leur terre manu militari. En effet l’Ethiopie est l’un des pays du tiers-monde à s’être lancé aux côtés de pays africains comme le Gabon, Madagascar, le Mozambique, la Zambie ou asiatiques tels que le Cambodge, l’Indonésie ou les Philippines dans la politique dite du « land-grabbing » à la demande de pétromonarchies ou des pays émergents (Arabie Saoudite, Brésil, Chine, Corée du sud, Inde, Israël, Qatar, etc.).

Cette politique consiste à vendre ou à mettre en location (entre 30 et 99 ans) à des Etats ou des fonds d’investissements étrangers d’immenses hectares de terres arables sans le consentement des populations autochtones et dans la plus grande opacité. L’anthropologue Jon Abbink, spécialiste de la Corne de l’Afrique, estime que l’Ethiopie est en tête des pays qui bradent leurs terres « In Africa, Ethiopia is at the forefront of handing out land ». D’ores et déjà plusieurs milliers d’hectares ont été alloués pour la production de riz, canne à sucre ou fleurs destinés à l’exportation.

Dès 2008, la FAO s’est inquiétée de cette ruée vers les meilleures terres africaines notamment dans des pays comme l’Ethiopie encore loin de l’autosuffisance alimentaire. Jacques Diouf, son directeur général d’alors, n’avait-il pas dénoncé « le risque d’un néo-colonialisme agraire » ?

A Madagascar la signature d’un contrat de location sur une superficie d’1,3 millions d’hectares avec le Sud-Coréen Daewoo Logistics avait été à l’origine de manifestations monstres ayant entraîné la chute du gouvernement en mars 2009.

A la fin des années 2000, le gouvernement éthiopien décida de déplacer 1,5 millions de personnes dans quatre régions : Gambela, Afar, Somali, et Benishangul-Gumuz. L’expropriation des terres et un programme de « villagisation » forcée des fermiers et des nomades y débutèrent en 2010 dans la province du Gambela et dans la vallée de l’OMO avec des conséquences dramatiques pour les peuples indigènes. Selon les recherches menées sur place par Human Rights Watch dans la province de Gambela où plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été forcés de quitter leurs foyers et où 42% des terres ont déjà été confisquées : « la politique de déplacements forcés met en péril le fragile équilibre sur lequel repose la survie de nombreuses personnes dans la région. Les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire sont précaires à Gambela.

Les éleveurs se voient contraints d’abandonner leurs sources de revenus, qui reposent sur le bétail, pour des cultures sédentaires. » Des fermiers interrogés n’ont pu cacher leur désarroi « Nous voulons que le monde sache que le gouvernement (éthiopien) amène le peuple Anuak ici pour mourir. Ils ne nous ont apporté aucune nourriture, ils ont donné nos terres aux étrangers pour qu’on ne puisse même pas revenir ». De fait, plusieurs milliers d’Anuak et de Nuer ont trouvé refuges dans des camps au Kenya. Human Rights Watch, Survival International et l’Oakland Institute font état de violations massives des droits de l’homme (déportations, viols, détentions arbitraires, traitements inhumains et dégradants, disparitions, etc.) à l’encontre des populations autochtones (Bodi, Kara, Kwegu, Nuer, Anuak, etc.) tant dans le Gambela que dans la vallée inférieure du fleuve OMO où le barrage GIBE III est en voie de construction.

Dans la droite lignée du processus de déplacement forcé entrepris dans le Gambela et la vallée de l’OMO, le gouvernement éthiopien s’est attaqué, à partir de juin 2014, à la région Somali d’Ethiopie et plus particulièrement aux villages de Gadhmalu, Undufo et Adaytu, des localités proches du fleuve Awash. Cette zone riche en terres arables est située le long du chemin de fer Addis-Abeba/Djibouti et peuplée par les Issa (une tribu somalie). Malgré une résistance farouche de la population locale et l’organisation de multiples manifestations par la diaspora Issa en Europe, la déportation des habitants a déjà commencé avec l’intervention brutale de l’armée éthiopienne. Ici un conflit territorial artificiel entre les Etats fédérés Afar et Somali a été utilisé comme prétexte par le gouvernement éthiopien pour mettre en œuvre son plan de déportation des nomades autochtones Issa.

En violation flagrante de l’article 46 de la constitution éthiopienne qui stipule que les limites territoriales entre Etats fédérés respectent le consentement des peuples concernés : « States shall be delimited on the basis of…language, identity and consent of the peoples concerned », le gouvernement éthiopien met en œuvre une répression aveugle à Gadhmalu, Undufo et Adayti. Au surplus, divers problèmes de frontières entre Etats fédérés sont apparus depuis l’entrée en vigueur de la constitution éthiopienne en 1995 et la majorité ont pacifiquement été résolus par le recours au référendum. Ce fut notamment le cas à Mieso et Babille dans les woredas (districts) et Kebeles (arrondissements) faisant l’objet de litige.

Malheureusement des dizaines de morts et de blessés par balles dont Mohamed Dageyeh, Aden Bouhdil, Houssein Guireh Ainan, Habiba Ainan, Ahmed Ali Iliyeh ainsi que de nombreux disparus parmi lesquels Moussa Hassiliyeh, Hoche Ainan, Bouh Robleh, Igueh Guedi, Hassan Farah sont à déplorer. L’armée assiège toujours la zone et des mesures punitives comme l’interdiction de l’accès aux puits et les arrestations arbitraires des personnalités deviennent la norme. Le 25 Novembre 2014, Gouhad Aden, Ali Moussa, Hared Hassan et Ahmed Nour Abdillahi, principaux chefs coutumiers de la communauté Issa sont arrêtés. Aux termes d’un procès expéditif digne des Kmers rouges caractérisé notamment par l’absence d’un avocat de la défense ils sont condamnés à 3 ans de prison ferme ; les seize jeunes accusés d’avoir entravés leur arrestation se voient infliger quant à eux 2 ans de détention à Jigjiga, la capitale de l’Etat fédéré Somali. Les principaux responsables politiques de cet Etat fédéré comme Abdi Mahamoud Omar, le président, ou M. Abdi Hakim , l’un de ses vice-présidents, sont complices de cette sinistre politique répressive.

En Ethiopie, les déplacements forcés et la déportation des peuples indigènes de leurs terres ancestraux suscitent de plus en plus de critiques et de plaintes judiciaires. C’est ainsi que la La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, principale autorité en matière de droits de l’homme sur le continent africain, a appelé en novembre 2013 à la suspension du processus de relocalisation forcée de milliers d’autochtones d’Ethiopie. La Commission a demandé à l’Éthiopie le gel de la réinstallation forcée des tribus de la vallée inférieure de l’Omo le temps qu’elle achève son enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme. Le 14 juillet 2014, un tribunal londonien a jugé recevable la plainte d’un fermier originaire de Gambela -représenté par le cabinet d’avocat international Leigh Day- qui affirme qu’une partie de l’aide publique au développement du Royaume-Uni en faveur de l’Ethiopie a servi au programme controversé de « villagisation » forcé l’ayant contraint à l’exil.

Les Etats-Unis et l’Union Européenne doivent s’assurer que l’aide publique au développement consentie à l’Ethiopie – plus de 3 milliards de dollars par an – serve en priorité à promouvoir le droit à la vie et à l’autosuffisance alimentaire de la population éthiopienne plutôt qu’à enrichir des fonds d’investissements spéculatifs.

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Ethiopie : Situation risquée des Issas d’Ethiopie dans la région de Cadaytu et Madane https://sittisomali.com/ethiopie-situation-risquee-des-issas-dethiopie-dans-la-region-de-cadaytu-et-madane/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=ethiopie-situation-risquee-des-issas-dethiopie-dans-la-region-de-cadaytu-et-madane Sun, 28 Sep 2014 09:19:01 +0000 https://sittisomali.com/?p=175 Des informations concordantes et vérifiées font état du retour de la politique de la terreur et de la terre brûlée contre les populations citadines et nomades issas éthiopiens qui vivent dans la région de Cadaytu et Madane. Nous rappelons qu’en juillet dernier le gouvernement fédéral éthiopien avait tenté, unilatéralement et en violation flagrante de la […]

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Des informations concordantes et vérifiées font état du retour de la politique de la terreur et de la terre brûlée contre les populations citadines et nomades issas éthiopiens qui vivent dans la région de Cadaytu et Madane. Nous rappelons qu’en juillet dernier le gouvernement fédéral éthiopien avait tenté, unilatéralement et en violation flagrante de la constitution éthiopienne, d’attribuer les villes et villages de Cadaytu, Madane, Gadhmale et Xundhufo à l’Etat fédéré Afar.

Ces villes et villages, habités depuis des temps immémoriaux par des populations somalis appartenant majoritairement à l’ethnie issa, sont situés sur le territoire de l’Etat fédéré Somalie d’Ethiopie.

Le gouvernement fédéral éthiopien du premier ministre Hailemariam Desalegn avait envoyé l’armée avec pour mission de procéder à un nettoyage ethnique en règle visant à déplacer par la force les paisibles populations civiles issas.

Ainsi les troupes fédérales éthiopiennes se sont-ils installées dans ces localités depuis juin 2014 et se livrent depuis à des graves exactions contre les citoyens issas vivant dans cette zone loin des médias internationaux : arrestations arbitraires des leaders traditionnels et des responsables administratifs, exécutions extrajudiciaires, confiscation illégale et abattage de cheptel, destruction de maisons et d’installations, intimidation et humiliations gratuites de toutes sortes.

Des manifestations ont été organisées en juillet et août 2014 un peu partout en Europe et en Australie par la diaspora issa devant les ambassades éthiopiennes pour dénoncer ces graves violations des droits de l’homme.

Ces 3 derniers jours les habitants de Cadaytu nous ont confirmé les faits et les violations des droits de l’homme suivants :

L’assassinat barbare de Robleh Gabobeh Miguil dont le corps a été sauvagement découpé au poignard par des afars avec la protection et la complicité de l’armée éthiopienne qui assiège Cadaytu.
L’arrestation arbitraire d’Ali Houssein Gouled actuellement incarcéré dans le camp de l’armée fédérale à Cadaytu ; L’arrestation brutale par l’armée fédérale éthiopienne d’Houssein Hadji Ibrahim, employé à la ville de Ma’eeso. Houssein Hadji était de passage à Cadaytu et a dénoncé les exactions gratuites à l’endroit des habitants. Personne n’a de nouvelles de lui depuis plus de 4 jours ; La confiscation de plus de 200 têtes de bétail ;

Nous demandons la libération immédiate d’Ali Houssein Gouled et de Houssein Hadji Ibrahim dans les plus brefs délais ; Nous rappelons à l’Etat fédéral éthiopien et en particulier à son premier ministre M. Haliemariam Desalegn le respect de la constitution éthiopienne en particulier son article 46 qui stipule que les limites territoriales entre Etats fédérés respectent leconsentement des peuples concernés: « States shall be delimited on the basis of…language, identity and consent of the peoples concerned ».
Nous exigeons donc l’organisation d’un référendum pour régler définitivement cette querelle territoriale comme cela a été de coutume dans les précédents litiges territoriaux au sein de l’Etat fédéral éthiopien.

Nous attirons l’attention du gouvernement éthiopien sur le fait qu’il encourt une poursuite devant la Cour Pénale Internationale car « le fait de déplacer de force des personnes, en les expulsant ou par d’autres moyens coercitifs, de la région où elles se trouvent légalement » et ce, de manière massive est considérée comme un crime contre l’humanité.

Enfin nous informant le gouvernement éthiopien que nous reprendrons les manifestations pacifiques devant ses ambassades. Nous ne pourrons pas toutefois empêcher l’organisation d’actions sporadiques visant à perturber le corridor Djibouti-Ethiopie par où transite plus de 90% du commerce international de l’Ethiopie au cas où le harcèlement et le nettoyage ethnique contre la population issa éthiopienne ne s’arrêtent pas au plus vite.

A l’attention des populations afars qui vivent depuis des années côte à côte auprès de leur concitoyens issas nous les informons que le soutien du gouvernement fédéral éthiopien n’est que tactique et provisoire.

La réelle motivation derrière l’expulsion forcée de la population issa est double ; d’une part avoir un contrôle plus strict de cette région située sur le principal axe routier et ferroviaire éthiopien et d’autre part louer les espaces inoccupées à des grandes firmes multinationales, sinistre politique connue sur le plan international sous le nom de « land grabbing ».

Il ne sert donc rien aux afars de servir de cheval de Troie à l’Etat fédéral ni de prêter une oreille attentive aux falsifications historiques et autres élucubrations des professionnels de l’extrémisme comme Ali Coubba car si par malheur les issas sont expulsés, les afars subiront inévitablement demain le même sort. Pour preuve on nous dit que l’Ethiopie connaît un rythme de croissance de 7 à 10% selon les sources depuis les 10 dernières années et comme par hasard les zones de peuplement des afars et des issas sont les parents pauvres de ce développement spectaculaire qui ne bénéficie en réalité qu’à la région du Tigré et les alentours de la capitale d’Addis-Abeba.

Plate-forme de la diaspora Issa des Pays-Bas, de la Belgique, de la France, de la Suisse et de l’Australie.

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Ethiopie: Mémorandum de la diaspora Issa originaire de l’Éthiopie https://sittisomali.com/ethiopie-memorandum-de-la-diaspora-issa-originaire-de-lethiopie-2/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=ethiopie-memorandum-de-la-diaspora-issa-originaire-de-lethiopie-2 Mon, 04 Aug 2014 22:00:26 +0000 https://sittisomali.com/?p=4472 Nous, la diaspora Issa d’origine éthiopienne résidant en Europe, en Amérique du Nord et en Australie avons l’honneur d’adresser ce présent mémorandum au gouvernement fédéral de l’Éthiopie pour attirer son attention sur la situation dramatique de la communauté Issa d’Ethiopie. Par le présent document, nous voudrions vous faire part de notre indignation face à la […]

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Nous, la diaspora Issa d’origine éthiopienne résidant en Europe, en Amérique du Nord et en Australie avons l’honneur d’adresser ce présent mémorandum au gouvernement fédéral de l’Éthiopie pour attirer son attention sur la situation dramatique de la communauté Issa d’Ethiopie.

Par le présent document, nous voudrions vous faire part de notre indignation face à la manière brutale, autoritaire et anti constitutionnelle dont le gouvernement fédéral est en train de régler « la dispute sur les terres » entre les Afars et les Issas dans les localités de Gadmalu, Undufu et Aydaytu.

Depuis quelques semaines, des troupes fédérales se sont installées dans ces localités et se sont livrées à des graves exactions contre les citoyens Issas habitant cette zone : arrestations arbitraires de leaders traditionnels et des responsables administratifs, confiscation illégale et abattage de cheptel, destruction de maisons et d’installations, intimidation et humiliations gratuites de toutes sortes.

Les troupes fédérales dirigées par un officier Afar, connu pour son animosité contre les Issas, ont ordonné aux habitants Issas de se soumettre à la décision du gouvernement de transférer ces localités à l’Administration Afar ou de quitter les lieux au plus vite. Ainsi, l’Armée fédérale qui était censée assurer la sécurité et la paix entre les citoyens, avec la plus grande impartialité, se trouve instrumentalisée, emmenée à provoquer des troubles inutiles et à envenimer la situation en prenant parti pour l’Administration Afar dans une vielle dispute de territoire entre deux communautés voisines. Aucune confrontation violente ne justifie cette opération de l’armée.

Cette intervention qui a semé la peur et soulevé la suspicion des populations vis-à-vis des forces fédérales, a aggravé la condition déjà déplorable et injuste dans laquelle les habitants Issas de cette zone se trouvent depuis plusieurs décennies. En effet, le gouvernement fédéral avait déjà imposé à cette population des mesures contraires à toutes les législations mises en place par les nouveaux dirigeants de l’Ethiopie.

Parmi ces mesures qui sont au demeurant indignes d’un Etat soucieux de ses citoyens, il y a l’interdiction de construire une habitation, ou même de réparer une maison endommagée par la pluie ou le vent, de creuser de nouveaux puits, de construire une école ou un centre de santé rural, et ce tant que le litige sur les terres ne serait pas réglé.

Seules les puissances coloniales avaient imposé de telles mesures pour punir collectivement les populations autochtones qui refusaient leur domination. Comment le nouveau gouvernement en place à Addis Ababa qui avait condamné avec fermeté les politiques de domination et répression des régimes précédents peut-il perpétuer de telles pratiques d’un autre temps alors qu’il prétend mettre l’Ethiopie sur la voie du développement pour tous ? Comment peut-on fermer les points d’eau existants, empêcher d’en creuser et laisser ainsi mourir de soif une population pastorale menacée par la sécheresse et pour laquelle l’administration régionale ne fait déjà rien? Comment peut-on maintenir dans l’ignorance les enfants de ces populations en leur refusant l’accès à l’école alors que l’Ethiopie souhaite atteindre les objectifs du Millénaire ?

Ces mesures inexplicables à tous points de vue constituent des actes criminels au regard des instruments nationaux et internationaux de droits humains. Alors que la situation était déjà grave dans cette zone et que des négociations étaient en cours entre les Afars et les Issas, le gouvernement fédéral a pris une décision unilatérale, sur la base d’une étude tronquée et orientée, en attribuant les localités susmentionnées aux Afars.

Ce faisant, le gouvernement fait le contraire de ce qui est proclamé dans le préambule de la charte du 22 juillet 1991 (Transitional Period Charter of Ethiopia), où il est clairement indiqué que la disparition de la dictature militaire « marque la fin d’une ère d’asservissement et d’oppression » et que désormais « commence un nouveau chapitre de l’histoire de l’Éthiopie au cours duquel la paix, l’égalité des droits et l’auto-détermination de tous les peuples, seront les principes régissant la vie politique, la vie économique et la vie sociale, contribueront ainsi au bien-être des peuples d’Éthiopie et les délivreront de siècles d’asservissement et d’arriération ».

Plus grave, le gouvernement fédéral viole de manière flagrante sa propre Constitution qui a prévu des dispositions claires pour régler de manière légale et constitutionnelle les disputes des terres entre les différentes communautés de la Fédération. Plusieurs articles de la Constitution fournissent la base juridique pour un tel règlement dans le cadre de la loi éthiopienne.

Concernant les localités de Gadmalu, Undhufo et Adayti, pourquoi le gouvernement fédéral agit-il autrement et contre sa propre loi ? Pourquoi attiser la division et la haine entre deux communautés qui partagent beaucoup de valeurs et qui ont toujours trouvé une solution à leurs différends en utilisant leurs méthodes traditionnels de résolution des conflits ? Pourquoi n’avoir pas donné les moyens nécessaires au comité qui avait été mis en place il y a plusieurs années pour trouver un consensus entre les protagonistes et pour résoudre durablement cette dispute ?

Pourtant, c’est la voie constitutionnelle que le Gouvernement fédéral avait suivie pour régler la dispute qui avait éclaté entre la région oromo et somalie autour de 500 Wareda et Kebele. Un referendum a été organisé pour demander les populations concernés de choisir à quelle région elles souhaitent rattacher leur localité. Bien que l’organisation ait été entachée de multiple irrégularités commises par l’administration oromo et contestée par la région somalie, tout le monde a fini par accepter le verdict des urnes : 400 Wareda et Kebele ont été attribués à la région oromo et 100 à la région somalie.

Cette politique de « deux poids deux mesures » ne peut s’expliquer que par la tentative de justifier l’accaparemment par des investisseurs nationaux et étrangers des terres fertiles le long du fleuve Awash et de compenser les Afars qui en sont victimes par des expropriations des localités habitées par des Issas. C’est une politique irresponsable qui constitue une menace pour la paix et la coexistence entre les peuples.

A la lumière de ce qui précède, nous, Diaspora Issa d’origine éthiopienne résidant en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, soucieuse de trouver une solution durable entre les deux communautés voisines Afars et Issas, condamnons fermement l’intervention militaire dans les localités de Gadmalu, Undufu et Aydaytu et les exactions contre les populations Issas menées par les troupes fédérales éthiopiennes.

Nous considérons que la décision de transférer ces localités à l’Administration de la région Afar est contraire aux dispositions constitutionnelles et viole les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes reconnus par la Constitution. Cette décision qui conduira à chasser des familles entières de leur lieu de résidence va à l’encontre de cette Constitution qui stipule que « Nul ne peut être expulsé du territoire de l’état dont il est le ressortissant ». La pratique de transfert forcé de population est considérée aussi comme une grave violation du droit international qui, notamment par le statut de Rome statuant la Cour Pénale Internationale (CPI), qualifie clairement « la déportation, le transfert forcé de population et l’installation des colons comme des crimes de guerre ».

Nous sommes extrêmement inquiets des graves conséquences que les décisions illégales et arbitraires concernant cette affaire peuvent avoir sur la paix et l’entente entre les communautés mais aussi sur la sécurité dans toute la région.

Nous craignons que le désespoir et le désarroi poussent les populations injustement exclues et chassées de leurs lieux d’habitation à des actes pouvant perturber le trafic routier et les échanges commerciaux dans la région.

Nous craignons tout autant que des répressions disproportionnées et discriminatoires contre ces populations puissent instaurer un cercle vicieux de violence qui ensanglantera cette zone déjà gravement touchée par la pauvreté, la famine et la maladie.

En effet, alors que le reste du pays semble connaître un développement socio-économique palpable, la zone habitée par les Issas est plongée dans une misère indescriptible, reste défavorisée et cumule tous les records du sous-développement (taux effrayant de mortalité infantile, d’analphabétisme, manque d’eau, absence de structures élémentaires et surtout de perspectives pour les jeunes). L’Etat y est pratiquement absent et ne se manifeste que par ses opérations militaires ou policières, manquant ainsi à toutes ses autres obligations.

Pour un gouvernement fédéral qui se targue d’avoir réussi à transformer profondément le pays et d’être « l’une des économies les plus dynamiques dans le monde au cours de ces dernières années », il est regrettable de constater que cette croissance ne profite nullement à certaines des nationalités qui composent la fédération.

Nous dénonçons que les populations issas continuent à souffrir de discrimination en raison de préjugés hérités des guerres entre la Somalie et l’Ethiopie et que leur loyauté envers leur pays est encore questionnée par certains administrateurs fédéraux.

Considérés comme des citoyens de seconde zone, leurs revendications sont rarement prises en compte. Dans la dispute sur les terres les opposant aux Afars, le gouvernement fédéral a constamment pris parti pour ces derniers, méconnaissant les réalités économiques, écologiques et socio-culturelles sur le terrain, rejetant les Issas dans la catégorie essentialiste « d’envahisseurs » et négligeant de faire l’arbitrage impartial souhaité.

Nous exhortons le gouvernement fédéral à stopper l’occupation militaire des localités de Gadmalu, Undufu et Aydaytu, à rendre le cheptel et les biens confisqués, à relâcher les personnes qui ont été injustement arrêtées.

Nous lui demandons à mettre en place un Comité constitué des différents acteurs (leaders communautaires, représentants des deux administrations régionales concernées et du gouvernement fédéral, et arbitres indépendants d’autres régions etc) pour reprendre les consultations nécessaires en vue de trouver une solution durable permettant aux deux communautés Afars et Issas de vivre en paix et dans l’entente.

Nous sommes convaincus que les communautés sœurs Afars et Issas qui partagent une longue histoire pourront trouver une solution à leur problèmes, si elles sont guidées par des leaders éclairés et conscients des véritables enjeux et défis du développement de leurs communautés.

Nous espérons que cet appel au dialogue sera entendu par le gouvernement fédéral, dans le respect de la Constitution du pays qui offre le cadre adéquat pour régler ce type de litige.

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Ethiopie: Lettre ouverte à M. Hailemariam Desalegn, Premier ministre de l’Etat fédéral d’Ethiopie https://sittisomali.com/ethiopie-lettre-ouverte-a-m-hailemariam-desalegn-premier-ministre-de-letat-federal-dethiopie/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=ethiopie-lettre-ouverte-a-m-hailemariam-desalegn-premier-ministre-de-letat-federal-dethiopie Wed, 09 Jul 2014 22:00:15 +0000 https://sittisomali.com/?p=173 Par la présente, la communauté Somali-Issa de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg dénonce vigoureusement la répression et le nettoyage ethnique perpétrés par les forces de l’ordre éthiopiennes à l’encontre du peuple Somali-Issa depuis le 26 juin 2014 dans les villes de Adayti, Undhufo, Garba-Isse, Afcase et Canbuus. La communauté Somali-Issa demande la libération immédiate […]

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Par la présente, la communauté Somali-Issa de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg dénonce vigoureusement la répression et le nettoyage ethnique perpétrés par les forces de l’ordre éthiopiennes à l’encontre du peuple Somali-Issa depuis le 26 juin 2014 dans les villes de Adayti, Undhufo, Garba-Isse, Afcase et Canbuus. La communauté Somali-Issa demande la libération immédiate des dirigeants élus des villes de Adayti et Canbuus qui ont refusés d’exécuter le programme de nettoyage ethnique.

En particulier nous demandons la libération des élus et des civils dont les noms suivent :

Ali Houssein Gouled, maire de la ville de Adayti

Aden Hared Waberi, maire-adjoint de la ville de Adayti

Elmi Diraneh Hoche, responsable à la sécurité à Adayti

Hared Ali Areh

Robleh Ali Farah

Abdi Awled

Nous informons la communauté internationale que plusieurs dizaines de civils sont à ce jour portés disparus.

Derrière le prétendu conflit de délimitation entre les Etats fédérés Afar et Somali, nous sommes persuadés que le gouvernement éthiopien cache un programme de « land grabbing » ou accaparement des terres ancestrales des Somali-Issas.

Comme les précédents programmes du même type déjà mis en œuvre en Ethiopie notamment à Gambella, dans la vallée de l’OMO, à Bodi et à Kwegu, celui-ci s’est aussitôt traduit par des expulsions forcées, des violations des droits humains, l’augmentation de l’insécurité alimentaire, de la faim et de la pauvreté pour les autochtones Somali-Issas.

Nous, la communauté Somali-Issa de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg :

Condamnons fermement l’intervention brutale de l’armée fédérale éthiopienne à Adayti, Undhufo, Garba-Isse, Afcase et Canbuus,
Demandons instamment à l’armée fédérale éthiopienne d’arrêter les programmes de nettoyage ethnique des populations Somali-Issas dans la région de Shinile,
Exigeons de l’armée éthiopienne la levée immédiate de l’état de siège autour des villes de Adayti, Undhufo, Garba-Isse, Afcase et Canbuus et le rétablissement de la liberté de circulation pour les nomades Somali-Issas, Demandons à l’armée fédérale éthiopienne de mettre immédiatement fin aux arrestations, atrocités, disparitions, les exécutions extrajudiciaires et le pillage du cheptel des populations civiles Somali-Issas sans défense dans l’Etat fédéré Somali, Exigeons le respect de l’article 18 de la constitution éthiopienne qui énonce : «

Everyone has the right to protection against cruel, inhuman or degrading treatment or punishment. » (Chacun a le droit d’être protégé contre tout traitement ou châtiment cruel, inhumain ou dégradant),

Rappelons que le déplacement forcé des populations Somali-Issas est une violation de l’article 46 de la constitution éthiopienne qui stipule que les limites territoriales entre Etats fédérés respectent le consentement des peuples concernés : « States shall be delimited on the basis of…language, identity and consent of the peoples concerned »,

Exigeons l’organisation d’un référendum dans les villes de Cadytu, Xundhufo, Gadhmalu, Afcase et Canbuus afin de permettre aux populations concernées de choisir librement le rattachement à l’Etat fédéré Somali ou Afar,

Condamnons la politique dite du « land grabbing » qui consiste à pousser les populations Somali-Issas à l’exode en s’accaparant leurs terres pour ensuite les mettre à la disposition d’investisseurs étrangers,Soulignons qu’il faut d’urgence mettre sur pied une commission mixte de résolution des conflits composée des élus locaux des Etats fédérés Afar et Somali,

Soulignons qu’il est de l’intérêt de l’Etat éthiopien de maintenir la paix et la sécurité dans la région de Shinile par où transitent plus de 90% des exportations (café, produits agricoles, etc.) et importations (hydrocarbures, biens d’équipement, etc.) éthiopiennes,
Mettons en garde le gouvernement éthiopien quant à la préservation de la stabilité régionale car les populations Somalis-Issas vivent également à Djibouti et en Somalie,

Mettons aussi fermement en garde le gouvernement éthiopien quant aux conséquences d’une éventuelle sécession de la région de Shinile conformément à l’article 39§ 1 de la constitution éthiopienne qui stipule : « Every Nation, Nationality and People in Ethiopia has an unconditional right to self-determination, including the right to secession » (Chaque Nation, Nationalité et Peuple d’Ethiopie possède le droit inconditionnel à l’autodétermination y compris le droit à la sécession), au cas où la répression brutale et indiscriminée à l’endroit du peuple Somali-Issa perdure,

Demandons à l’Ethiopie de reconsidérer sa politique d’accaparement des terres indigènes à la lumière des récents rapports des organisations internationales qui soulignent le fait que ces programmes aggravent l’insécurité alimentaire et la pauvreté,
Prions instamment la communauté internationale, en particulier les organisations des droits de l’homme (Human Right Watch, Survival International, ActionAid, etc.) de suivre de près l’évolution de cette énième crise de la problématique du « land grabbing » en Ethiopie.

L’association WAARUF

Appel à manifester devant les ambassades éthiopiennes partout dans le monde

L’association WAARUF organisera une grande manifestation devant l’ambassade d’Ethiopie à Bruxelles le vendredi 18 juillet 2014 entre 11h et 13h.

Nous demandons à nos sœurs et frères en Europe, au Canada, aux Etats-Unis et en Australie de faire de même afin de forcer le gouvernement éthiopien à mettre fin immédiatement au nettoyage ethnique en cours du peuple Somali-Issa.

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